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et je me mis en quête d’une pièce d’eau assez vaste pour que mon navire pût faire valoir la supériorité de sa marche.

Je trouvai bien vite un grand bassin, que je me plus à nommer un lac, et dont les ondes, aussi transparentes que le cristal, étaient ridées à la surface par une brise imperceptible, mais cependant suffisante pour gonfler les voiles de mon sloop, qui gagna l’autre bord avant que j’y fusse arrivé pour le recevoir.

Que de fois nous avons lutté de vitesse, dans ces courses où j’étais vainqueur ou vaincu, suivant que la brise était plus ou moins favorable à mon embarcation !

Il faut vous dire que ce bel étang, près duquel j’ai passé les heures les plus joyeuses de mon enfance, était situé dans un parc du voisinage, et appartenait par conséquent au propriétaire du parc. Celui-ci néanmoins était assez bon pour permettre aux habitants de la commune de se promener chez lui autant que bon leur semblait, et n’empêchait ni les petits garçons de faire naviguer leurs bateaux sur le bassin, ni les hommes de jouer à la balle dans l’une de ses clairières, pourvu que l’on ne touchât pas aux plantes qui tapissaient les murailles, et qu’on respectât les arbrisseaux qui formaient les massifs. Tout le monde était si reconnaissant de la bonté du propriétaire, que je n’ai jamais entendu