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doutai pas un instant de la possibilité du fait, et que mon désespoir s’évanouit pour faire place à la joie la plus vive.

Je cherchai mon couteau, je le retrouvai, et m’en emparai avec ardeur ; c’est tout au plus si je l’avais regardé quand je l’avais reçu des mains de Waters, maintenant je l’examinais avec soin, je le palpais dans tous les sens, j’en calculais la force autant qu’il m’était permis de le faire, et je me demandais quelle était la meilleure manière de m’en servir pour arriver au but que je me proposais.

C’était un bon couteau, avec un manche en bois de cerf, une lame aiguë, solide et bien trempée, un de ces couteaux qui, lorsqu’ils sont ouverts, n’ont pas moins de vingt-cinq centimètres de longueur, et qu’en général les matelots portent suspendus à une ficelle passée autour du cou. Je fus enchanté de mon examen, de l’épaisseur et du fil de l’acier ; car il me fallait un bon instrument pour forer cette douelle de chêne.

Si je vous décris avec autant de détails les mérites de mon couteau, c’est que je ne saurais trop vous en faire l’éloge, puisque sans lui je n’aurais pas survécu à mes misères, et ne vous raconterais pas les hauts faits qu’il m’a permis d’accomplir.

Ayant donc passé le doigt à plusieurs reprises sur ma bonne lame, afin de me familiariser avec elle ; l’ayant ouverte et fermée dix ou douze fois,