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cette demi-insensibilité ; la soif me rappela bientôt à moi-même, et je me rapprochai de la futaille.

Dans quel but ? Je voulais chercher la bonde, la retirer bien vite, et boire ; je ne pouvais avoir d’autre intention.

Hélas ; ma joie devait s’éteindre aussi promptement qu’elle était née. Je fus néanmoins quelque temps avant d’en arriver là ; il me fallut d’abord parcourir avec les mains toute la surface de la barrique, en palper toutes les douelles, avec le tact soigneux qui caractérise les aveugles ; et je recommençai l’opération plus d’une fois avant d’accepter la triste certitude que la bonde se trouvait du côté de la muraille, il m’était impossible de l’atteindre, et la précieuse barrique m’était complétement fermée.

Je savais que tous les tonneaux ont une seconde ouverture, située à l’un des deux fonds, et je m’étais mis en quête de celle qui devait exister à ma futaille ; mais le premier mouvement que je fis m’annonça que les deux bouts en étaient bloqués, l’un par une caisse, l’autre par la seconde barrique mentionnée dans l’inventaire de ma cellule.

Il me vint à l’esprit que cette dernière pouvait également contenir de l’eau, et j’en commençai l’inspection ; mais je ne pus tâter qu’une faible partie de son étendue, et n’y rencontrai que la surface unie du chêne, qui m’opposait la résistance du roc.