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CHAPITRE XXIII

Son plein de charme


J’étais accoudé à l’une des poutres du navire, qui traversait ma cabine, et qui la divisait en deux parties presque égales. C’était simplement pour changer de position que j’avais pris cette attitude, car j’étais las d’être couché sur les planches ; depuis l’heure de mon premier réveil dans la cale j’avais essayé de toutes les postures, sans parvenir à me trouver bien dans aucune ; je m’étais levé, quoiqu’il me fallut courber la tête ; j’avais pris tous les degrés d’inclinaison, je m’étais allongé sur le dos, sur le ventre, sur les côtés, je m’étais replié en Z, en S, et je n’en étais pas moins courbaturé.

Je me trouvais donc soutenu par l’une des côtes du navire, et ma tête penchée en avant, reposait presque sur la grande futaille où j’appuyais la main.

Il en résultait que mon oreille effleurait les douelles de chêne ; et c’est de la sorte que j’entendis le son plein de douceur qui opéra chez moi un revirement si prompt et si heureux.