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où j’entendais clapoter l’eau qui s’y était introduite, sans doute depuis longtemps, odeur nauséabonde qui aggravait mon agonie.

D’après ces divers symptômes, il n’était pas difficile de reconnaître ce qui me faisait tant souffrir ; ce n’était que le mal de mer. Je ne m’alarmai pas des suites que cela pouvait avoir, mais j’endurai toutes les tortures que vous impose cette atroce maladie. Il est certain que dans la situation où j’étais, elle fut pour moi plus atroce qu’elle ne l’est d’ordinaire. Il me semblait qu’un verre d’eau pure, en apaisant ma soif, eût guéri mes nausées et diminué l’étreinte qui me serrait la poitrine.

L’effroi que m’inspirait le bateau du pilote me fit d’abord endurer mon supplice avec courage ; mais à chaque instant le roulis devenait plus fort, l’odeur du fond de cale plus pénétrante et plus fétide ; la révolte de mon estomac augmentait en proportion, et les maux de cœur finirent par être intolérables.

Que le pilote fût parti ou resté, je ne pouvais plus y tenir ; il fallait monter sur le pont, avoir de l’air, une gorgée d’eau, ou c’en était fait de moi.

Je me levai avec effort et me glissai hors de ma cachette, en m’appuyant sur le tonneau, qui m’aidait à me conduire, car je marchais à tâtons. Lorsque je fus au bout de la futaille, j’étendis la main pour retrouver l’issue par laquelle j’étais entré ;