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CHAPITRE XX

Mal de mer


Le balancement du navire, le bouillonnement des flots, tout me donnait la preuve que je ne m’étais pas trompé ; nous allions quitter le port et gagner la pleine mer. Combien j’étais heureux ! Plus d’inquiétude, plus de crainte d’être ramené à la ferme ; dans vingt-quatre heures je serais enfin sur l’Océan, loin de la terre, et ne pouvant plus être ni poursuivi ni renvoyé. Le succès de mon entreprise me plongeait dans l’extase.

Je trouvai bien un peu bizarre de partir pendant la nuit, car il ne faisait pas encore jour ; toutefois je présumai que le pilote avait une si parfaite connaissance de la baie qu’il s’engageait à en sortir les yeux fermés. Ce qui m’intriguait davantage, c’était la durée des ténèbres : il y avait là quelque chose de mystérieux ; je commençai à croire que j’avais dormi pendant le jour, et que je ne m’étais réveillé qu’après le coucher du soleil, ce qui m’avait fait deux