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qu’ils soient terriblement pressés ! Je le crois du reste ; c’est aujourd’hui qu’ils auraient dû partir, et ils veulent sans doute mettre à la voile de très-bonne heure. Tant mieux pour moi ; plus ils se dépêcheront, plus tôt je serai délivré de cette position détestable. Dans quel mauvais lit j’ai couché ; cependant, je n’en ai pas perdu l’appétit, car déjà la faim me talonne. »

En disant ces mots, je lirai de ma poche mon biscuit et mon fromage, auxquels je fis honneur, bien que je n’eusse pas l’habitude de manger pendant la nuit.

Les caisses se remuaient toujours au-dessus de ma tête ; loin de diminuer, le bruit augmentait. « Quelle rude besogne pour ces pauvres matelots ! m’écriai-je ; il est probable qu’ils auront double paye. »

Tout à coup les chants cessèrent ; un profond silence régna sur le navire ; du moins je n’entendis plus aucun bruit.

« Ils seront allés se coucher, supposai-je ; et cependant il va bientôt faire jour. Mais puisqu’ils vont dormir, pourquoi ne pas faire comme eux : ce sera toujours autant de gagné. »

Je m’étendis le mieux que je pus dans mon étroite cachette, où je dormais parfaitement lorsqu’un nouveau tapage me réveilla en sursaut.

« Comment, encore ! ce n’était pas la peine de se coucher, me dis-je à moi-même ; il n’y a pas plus