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matin sans les profondes ténèbres qui m’environnaient de toute part. Lorsqu’après être descendu je m’étais caché derrière le tonneau, j’avais observé que la lumière pénétrait dans la cale, et maintenant je ne distinguais plus rien autour de moi ; il y faisait noir comme dans un four ; il fallait que la nuit fût terriblement sombre.

Mais quelle heure était-il ? Chacun des matelots devait être dans son hamac, et dormir du profond sommeil que donne un rude travail.

Je crus cependant qu’on remuait au-dessus de ma tête. J’écoutai, il n’était pas besoin d’avoir l’ouïe fine pour en acquérir la certitude ; on jetait sur le pont des masses pesantes qui, en tombant, ébranlaient tout le navire, et dont je ressentais le contrecoup. Enfin des voix confuses parvinrent à mon oreille, je crus distinguer des paroles qui ressemblaient à un signal, puis le refrain : « Enlève ! ohé ! enlève ! » que les matelots chantaient en chœur. Il n’y avait plus à en douter, on finissait le chargement du navire.

Je n’en fus pas très-surpris : le capitaine faisait terminer l’arrimage afin de pouvoir profiter du vent ou de la marée.

Je continuai de prêter l’oreille, et m’attendais à ce que le bruit cessât bientôt ; mais les heures se succédaient sans amener la fin de ce tintamarre.

« Comme ils sont laborieux, pensai-je. Il faut