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Restait l’autre danger ; mais après y avoir réfléchi, la crainte qu’il m’inspirait s’évanoui également. Les gens de la ferme ne s’apercevraient de mon absence qu’après la journée faite ; ils n’auraient pas d’inquiétude avant que la nuit fût noire ; puis le temps de se consulter, d’arriver à la ville, en supposant qu’on devinât la route que j’avais prise, et je serais embarqué depuis longtemps lorsque les domestiques de mon oncle se mettraient sur ma piste.

Complétement rassuré à cet égard, je ne songeai plus qu’à prendre les dispositions nécessaires à l’accomplissement de mon entreprise.

Je pensais qu’une fois installé dans le vaisseau, il me faudrait y rester vingt-quatre heures, même davantage, sans révéler ma présence, et je ne pouvais pas être jusque-là sans manger. Mais comment faire pour se procurer des vivres ? J’ai dit plus haut que je n’avais pas un sou, et vous savez qu’on n’achète rien sans argent.

Tout à coup mes yeux tombèrent sur mon sloop : si je le vendais ? On m’en donnerait bien quelque chose. Il ne me serait plus d’aucun usage ; autant valait m’en séparer.

Je sortis du monceau de caisses et de futailles où j’avais trouvé asile, et me promenai sur le quai, en cherchant un acheteur pour ma petite embarcation. Un magasin de joujoux, rempli d’objets nautiques, s’offrit bientôt à mes regards ; j’y entrai avec empressement,