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qu’il me fourrât dans un coin où personne ne serait allé ? Mais comment acheter sa discrétion ? Avec quoi la payer ? je n’avais pas du tout d’argent ; mon sloop et mes habits, qui ne valaient pas grand’chose, formaient tout mon avoir. Je songeais à me défaire de mon navire ; mais je pensai, en y réfléchissant, qu’un matelot n’attacherait aucun prix à un objet qu’il pouvait faire lui-même. Il n’y avait pas d’espoir de séduire un marin avec un pareil joujou.

Mais attendez ! j’avais une montre, une vieille montre en argent dont la valeur ne devait pas être bien grande, quoiqu’elle fût assez bonne, et qu’elle me vînt de ma mère. Celle-ci en avait laissé une autre infiniment plus belle, une montre en or d’un prix considérable ; mais mon oncle se l’était appropriée, et m’avait permis en échange de me servir de l’ancienne ; par bonheur, je la portais tous les jours ; elle se trouvait dans mon gousset. N’était-ce pas un cadeau suffisant pour qu’un matelot consentit à me passer en contrebande, et à me cacher dans un coin du navire ? La chose était possible ; à tout hasard je résolus d’essayer.

Il fallait pour cela que je pusse me trouver seul avec Jack, ou avec un autre, afin de lui communiquer mes intentions, et ce n’était pas là ce qu’il y avait de plus facile ; cependant cela pouvait être et je ne m’éloignai pas de l’Inca dans la prévision