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— Oh ! que non, dit un troisième, pas plus que son père, je le garantirais bien ; le fanfan leur a tiré la révérence. Tu les as plantés là, n’est-ce pas, jeune épinoche.

— Écoutez-moi, dit l’homme habillé de bleu, retournez auprès de votre mère ; faites-lui mes compliments, et dites-lui de ma part de vous attacher au pied d’une chaise avec les cordons de sa jupe ; elle fera bien de vous y tenir amarré pendant cinq ou six ans. »

Ces paroles excitèrent un nouvel éclat de rire. Dans mon humiliation, et ne sachant que leur répondre :

« Je n’ai pas de mère, pas de chez nous, » balbutiai-je tout confus.

Le visage dur et grossier des hommes qui m’entouraient changea aussitôt d’expression, et j’entendis autour de moi quelques mots de sympathie.

Cependant l’homme en vareuse conserva son air moqueur, et me dit sur le même ton :

« Dans ce cas-là, mon bambin, allez trouver votre père, et dites-lui de vous donner le fouet.

— Mon père est mort, répondis-je en baissant la tête.

— Pauvre petit diable ! c’est tout de même un orphelin, dit un matelot d’une voix compatissante.

— Si vous n’avez pas de père, continua l’homme en vareuse, qui paraissait être une brute sans cœur,