Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/108

Cette page n’a pas encore été corrigée

de mon âge avaient également de petits bateaux, des schooners ou des bricks ; et c’était pour nous un grand plaisir de lancer nos esquifs, et de les faire jouter ensemble. Or, le jour en question était précisément un samedi ; l’école était fermée ce jour-là, et je savais que la plupart de mes camarades se rendraient au bassin dès qu’ils auraient déjeuné. Pourquoi n’y serais-je pas allé, puisque je n’avais rien à faire ? Le motif était plausible, et me fournissait une excuse pour ne revenir que le soir. Je pris donc mon sloop, que je portai visiblement pour qu’on sût où je me rendais. Je traversai la cour sous les yeux des domestiques, et me dirigeai vers le parc ; il me sembla même prudent d’y entrer et de faire une apparition près du bassin, où plusieurs de mes camarades étaient déjà réunis.

« Si je leur confiais mes intentions, s’ils pouvaient seulement s’en douter, pensais-je, quelle surprise et quel tumulte cela produirait parmi eux ! »

Ils me dirent tous qu’ils étaient enchantés de me voir, et m’accueillirent de manière à me le prouver. J’avais été pendant ces derniers mois constamment occupé à la ferme, et les occasions où je pouvais venir jouer avec eux étaient maintenant bien rares ; aussi ma présence leur fit-elle un vrai plaisir. Mais je ne restai au bord du bassin que le temps nécessaire à la flottille pour faire sa traversée. Je repris mon sloop, qui avait été vainqueur dans cette régate