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que même un enfant de mon âge ne serait pas emmené gratis.

Comme je n’avais pas d’argent, la difficulté de payer mon passage était insurmontable, et je cherchai par quel moyen je pourrais m’en dispenser.

Mes réflexions, ai-je dit tout à l’heure, se succédaient avec rapidité ; bientôt les obstacles de tout genre, soit de la part du domestique, soit du côté de la somme que je ne possédais pas, furent effacés de mon esprit, et j’eus la confiance, presque la certitude de partir avec ce beau vaisseau.

Quant à savoir dans quelle partie du monde était situé le Pérou, je l’ignorais aussi complétement que si j’avais été dans la lune ; peut-être davantage ; car les habitants de ce satellite peuvent y jeter un coup d’œil, par les nuits transparentes, quand leur globe est tourné vers cette partie de la terre ; mais je le répète je n’avais qu’un peu de lecture, d’écriture et de calcul, et pas un atome de science géographique.

Toutefois les marins susmentionnés m’avaient dit maintes choses du Pérou ; je savais, grâce à eux, que c’était un pays très-chaud, très-loin de notre village, où l’on trouvait des mines d’or, d’une richesse merveilleuse, des serpents, des nègres et des palmiers ; précisément tout ce que je désirais voir. J’allais donc partir le lendemain pour ce pays enchanté, et partir à bord de l’Inca.