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ce navire qui fixaient mes regards sur lui. Ce qui le rendait si intéressant à mes yeux, c’est qu’il allait partir, ainsi que vous l’apprenait l’inscription suivante, placée dans l’endroit le plus visible du gréement :

L’inca
met à la voile demain
pour le Pérou.

Mou cœur battait bruyamment dans ma poitrine, comme si j’avais été en face d’un horrible danger ; pourtant je ne craignais rien ; c’était l’irruption des pensées tumultueuses qui se pressaient dans mon cerveau, tandis que mes yeux restaient fixés sur cette dernière partie de l’annonce ;

Demain, pour le Pérou.

Toutes mes idées, rapides comme l’éclair, surgissaient de cette réflexion que j’avais faite tout d’abord : si j’allais au Pérou ?

Et pourquoi pas ?

Il y avait à cela bien des obstacles ; le domestique de mon oncle était responsable de ma personne, il devait me ramener à la ferme ; et c’eût été folie que de lui demander la permission de m’embarquer.

Il fallait ensuite que le patron du navire y consentît. Je n’étais pas assez simple pour ignorer qu’un voyage au Pérou devait être une chose coûteuse, et