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§ 9. ABSOLUTE VERIFIABILITY 85

changent pas pendant l’observation (par rapport à d’autres barres au repos par rapport à elles), etc. Il est donc évident que l’affirmation concernant la vitesse de la lumière n’est pas absolument certaine, puisqu’elle dépend de la validité des inductions. Cette affirmation, bien que concernant un seul cas, n’est donc pas absolument vérifiable. On voit que la simple référence à un cas unique ne suffit pas à assurer la vérifiabilité absolue d’un énoncé.

Nous arrivons à un résultat plus favorable si nous passons de l’affirmation concernant la vitesse de la lumière à des affirmations concernant les données individuelles des instruments utilisés. Il semble absolument certain qu’au moins le thermomètre a enregistré, disons, 15° C. Il peut s’agir d’un mauvais instrument, et la température de la pièce peut être différente de celle indiquée ; mais que ce thermomètre individuel ait atteint à ce moment précis la ligne correspondant à 15° C. — ce seul fait n’est-il pas absolument certain ?

Cette question nous conduit des faits plutôt abstraits de la physique aux faits concrets de la vie quotidienne. Un thermomètre est une chose faite de verre, de mercure et de bois, une chose comparable aux tables, aux chaises, aux maisons, aux arbres, aux pierres, bref, une chose appartenant à la sphère de notre environnement quotidien. S’assurer de l’existence de tels objets ne nécessite aucune conclusion théorique ; il semble donc possible d’obtenir une vérité absolue dans ce cas au moins.

Il est bien connu que cette hypothèse a été attaquée par presque tous les philosophes depuis Descartes ; et je dirais pour de bonnes raisons. La manière correcte d’étayer cette attaque me semble être la suivante.

Un énoncé concernant un fait physique, même s’il s’agit d’un simple fait de la vie quotidienne, ne se réfère jamais à un seul fait mais comporte toujours des prédictions. Si l’on dit : « Il y avait une table dans ma chambre, sous mes yeux, à 19h15, »