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74 MEANING

a été associé à la conception vérifiable de la signification. Mais en raison de cette combinaison même, cette dernière conception n’a pas conduit à des restrictions profondes du contenu de la science.

Une attitude plus critique s’est développée dans la deuxième phase du positivisme — sa phase critique. Les objections sceptiques de Hume contre l’induction ont été acceptées, et l’échec de toute tentative d’arriver à une solution logique de l’induction est devenu plus évident en termes de prétentions de précision développées dans la logistique. L’impossibilité d’obtenir une connaissance certaine des événements futurs a été reconnue, et cette prise de conscience a conduit, en combinaison avec le postulat de la logique comme étant à deux valeurs, au rejet de toute tentative d’interpréter les propositions scientifiques comme des prévisions de l’expérience future. C’est ainsi qu’est née la théorie positiviste moderne, étrange combinaison d’éléments de bon sens et d’un radicalisme doctrinaire, qui contredit toute vision impartiale des intentions de la science. Le postulat de la vérifiabilité absolue, lorsqu’il a été prononcé dans le cadre de la science, a été atténué par une application inconséquente et n’a donc pas pu faire de mal ; mais entre les mains des philosophes, il a été exagéré jusqu’à un radicalisme qui a remis en question la légitimité de l’objectif même de la science — la prévision de l’avenir. Wittgenstein, l’esprit le plus radical parmi les positivistes modernes, écrit : « Que le soleil se lève demain est une hypothèse, ce qui signifie que nous ne savons pas s’il se lèvera ».[1] Il ne se rend pas compte qu’il existe des degrés dans le domaine de l’inconnu, tels que nous les avons exprimés par le prédicat de poids. S’en tenant strictement au postulat de la vérifiabilité absolue, il arrive à la conclusion que l’on ne peut rien dire sur le futur.

Cela n’implique pas pour lui que les propositions futures soient dépourvues de signification ; elles ont une signification, mais leur valeur de vérité est

  1. Op. cit. p. 181.