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§ 8. VERIFIABILITY AND MEANING 67

il y a quelques indications du caractère divin chez les chats, comme le scintillement de leurs yeux, mais qu’une preuve complète ne peut être donnée empiriquement ; il connaît directement, dit-il, le caractère divin des chats parce qu’ils suscitent en lui un certain sentiment de crainte — en bref, il ressent la divinité du chat. C’est cette connaissance immédiate qui le détermine à ne jamais tuer un chat.

Nous n’avons pas l’intention de dissuader notre adorateur des chats de sa croyance. Ce que nous opposons à sa conviction religieuse, c’est une affirmation d’un type très modeste. Ce qu’il appelle un animal divin, disons-nous, peut être appelé par nous un animal qui suscite, chez certaines personnes, des sentiments d’admiration, bref, un animal « producteur d’émotions ». À son concept super-empirique « divin » nous coordonnons ainsi le concept empirique « producteur d’émotions » ; il est empirique parce qu’il est défini par l’occurrence de certaines réactions psychologiques chez l’homme, appartenant à la sphère des faits d’observation.[1] Notre concept coordonné est équivalent au sien dans le sens suivant : toute action qu’il peut dériver de sa signification super-empirique peut également être dérivée de notre signification empirique coordonnée. Son principe, par exemple, selon lequel les animaux divins ne doivent pas être tués, se lit chez nous : les animaux producteurs d’émotions ne doivent pas être tués.

Notre adversaire peut objecter que cette équivalence n’est pas valable pour lui. Il a souvent observé, dit-il, que les gens sont persuadés si quelqu’un leur dit que « les animaux divins ne doivent pas être tués » ; mais les mots profanes, « les animaux producteurs d’émotions ne doivent pas être tués », ne les convertissent pas. C’est peut-être vrai, mais cela ne prouve rien d’autre qu’une influence suggestive spéciale attachée au mot « divin », rien de plus. Nous avons parlé plus haut de la fonction suggestive du langage ; nous voyons maintenant que deux propositions qui déterminent logiquement

  1. Nous invoquons ici des faits psychologiques, mais nous laissons la question du caractère des faits psychologiques à un examen ultérieur (cf. § 26).