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est connu. Il s’ensuit que les énoncés de notre première classe d’énoncés super-empiriques ne peuvent jamais servir de base à des actions.

Passons maintenant à la deuxième catégorie. Il semble que l’inapplicabilité de ces énoncés aux actions ne puisse être maintenue. La croyance religieuse a été historiquement la source de nombreuses actions, et même d’actions de la plus grande importance. Les idées selon lesquelles le monde est une création de Dieu, que Dieu est omnipotent et omniprésent, qu’il y a une vie après la mort, etc. ont joué un grand rôle dans l’histoire de l’humanité. Il est vrai qu’il est impossible de donner des preuves empiriques de ces affirmations, mais il y a toujours eu des adeptes de ces idées tellement convaincus de leur vérité super-empirique qu’ils n’hésitaient pas à mener des guerres, à tuer des gens ou à sacrifier leur propre vie, lorsque la reconnaissance de ces affirmations l’exigeait.

Pour analyser ce problème, il faut d’abord souligner que tous les énoncés religieux ne sont pas dépourvus de signification empirique. L’affirmation de la vie après la mort implique des expériences futures semblables à celles que nous avons dans la vie ordinaire ; si nous devons contester sa signification de vérité physique, nous ne pouvons pas nier sa signification logique. De telles affirmations peuvent devenir des bases d’actions si elles sont supposées vraies ; car, pour qu’une affirmation devienne une base d’actions, il suffit que nous la pensions vraie. Si l’homme primitif dépose des jarres contenant de la nourriture et de l’eau dans les tombes de ses amis, cette action est correctement dérivée de sa croyance que ses amis continueront à vivre après la mort. Dans un tel cas, notre enquête doit prendre une autre direction ; nous devons nous demander s’il existe des méthodes pour découvrir la valeur de vérité des énoncés ayant une signification logique. La réponse est donnée dans la discussion sur les méthodes scientifiques ; il y est montré que cela n’est possible que s’il existe au moins des inférences probabilistes à de tels énoncés, c’est-à-dire s’ils appartiennent à la partie de la signification logique