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§ 8. VERIFIABILITY AND MEANING 59

de la musique. Dans ce cas, l’absence de la propriété « signification » est évidente car la musique ne possède pas les formes extérieures du langage. Les énoncés mystiques, cependant, présentent de telles formes ; c’est la raison pour laquelle le caractère émotionnel et éducatif de ces énoncés peut être confondu avec ce que nous appelons « signification ».

Il est vrai que le langage n’est pas toujours utilisé dans l’intention de communiquer quelque chose à d’autres personnes. Le langage peut être utilisé dans le but d’influencer les personnes, de susciter en elles certains états d’âme que l’on souhaite voir naître chez elles ; et le langage peut être un bon instrument pour cela, parfois même meilleur que la musique, qui, si elle n’est pas accompagnée de paroles, peut n’avoir que des effets incomplets. Un bon prédicateur peut susciter, par son sermon, des sentiments de dévotion, de pénitence, de contrition, ou l’impulsion à une vie conforme aux conceptions morales de l’Église ; et l’effet des chants qui l’accompagnent peut être confiné à un rôle subalterne par rapport à son discours. Un homme politique, par son discours, peut imposer son opinion à une assemblée, même si des réflexions rationnelles réfuteraient ses vues. Le langage familier n’est jamais totalement exempt d’une telle composante suggestive — qu’il s’agisse de la suggestion contenue dans le discours d’un vendeur à un client, dans le discours d’un professeur à son élève ou dans le discours d’un ami à un ami. Mais la fonction suggestive du langage doit être logiquement séparée de sa fonction communicative, c’est-à-dire de sa fonction d’information des autres personnes sur certains faits ou relations entre les faits.

Il existe encore une troisième fonction du langage qui doit être distinguée de sa fonction communicative. Le langage peut nous libérer d’une contrainte intérieure, détendre un esprit tendu — qu’il s’agisse de l’oppression causée par des douleurs physiques ou psychiques, de la tension délicieuse de la joie, ou de la contrainte nerveuse des situations productives d’un esprit créateur.