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§ 38. INDUCTION 347

conformément au principe d’induction. Bien qu’il n’y ait pas de moyen qui produise avec certitude l’effet désiré, nous ne laissons pas le choix au hasard mais préférons le moyen indiqué par le principe d’induction. Si nous sommes assis au volant d’une voiture et que nous voulons tourner la voiture vers la droite, pourquoi tournons-nous le volant vers la droite ? Il n’y a aucune certitude que la voiture suivra le volant ; il y a en effet des voitures qui ne se comportent pas toujours ainsi. Ces cas sont heureusement des exceptions. Mais si nous ne tenions pas compte de la prescription inductive et considérions l’effet d’un tour de roue comme totalement inconnu pour nous, nous pourrions également tourner le volant vers la gauche. Je ne dis pas cela pour suggérer une telle tentative ; les effets de la philosophie sceptique appliquée à la circulation automobile seraient plutôt désagréables. Mais je dirais qu’un philosophe qui doit mettre de côté ses principes chaque fois qu’il conduit une voiture est un mauvais philosophe.

Ce n’est pas justifier la croyance inductive que de montrer qu’il s’agit d’une habitude. C’est une habitude ; mais la question est de savoir s’il s’agit d’une bonne habitude, où « bonne » signifie « utile dans le but d’actions orientées vers des événements futurs ». Si quelqu’un me dit que Socrate est un homme et que tous les hommes sont mortels, j’ai l’habitude de croire que Socrate est mortel. Je sais cependant que c’est une bonne habitude. Si quelqu’un avait l’habitude de croire dans un tel cas que Socrate n’est pas mortel, on pourrait lui démontrer que c’est une mauvaise habitude. La question analogue doit être posée pour la déduction inductive. Si nous ne sommes pas en mesure de démontrer qu’il s’agit d’une bonne habitude, nous devrions soit cesser de l’utiliser, soit admettre franchement que notre philosophie est un échec.

La science procède par induction et non par des transformations tautologiques de rapports. Bacon a raison à propos d’Aristote ; mais le novum organon a besoin d’une justification aussi bonne que celle de l’organon. La critique de Hume a été le coup le plus dur porté à l’empirisme ; si nous ne voulons pas tromper notre