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344 PROBABILITY AND INDUCTION

un intellect sain. Loin de la considérer comme une analyse de la science, je considérerais plutôt une telle interprétation de l’induction comme un acte de suicide intellectuel. Le décalage entre la pensée réelle et le résultat épistémologique ainsi obtenu est trop évident. La seule chose que l’on puisse déduire de cette démonstration est que le principe de rétrogradation ne tient pas si l’on veut que notre construction épistémologique corresponde à la procédure réelle de la science. Nous savons bien que la science veut prévoir l’avenir ; et si l’on nous dit que « prévoir l’avenir » signifie « rapporter le passé », nous ne pouvons que répondre que l’épistémologie doit être autre chose qu’un jeu de mots.

C’est le postulat d’utilisabilité qui exclut l’interprétation de l’inférence inductive en termes de principe de régression. Pour que les énoncés scientifiques soient utilisables pour l’action, il faut qu’ils dépassent les énoncés sur lesquels ils s’appuient, qu’ils concernent des événements futurs et non ceux du seul passé. La préparation de l’action suppose, outre une décision volitive sur le but de l’action, une connaissance de l’avenir. Si l’on donnait une forme correcte au raisonnement décrit, cela reviendrait à soutenir qu’il n’y a pas de connaissance démontrable de l’avenir. C’était certainement l’idée de Hume. Au lieu d’une pseudo-solution du problème de l’induction, nous devrions alors simplement nous limiter à la répétition du résultat de Hume et admettre que le postulat de l’utilisabilité ne peut être satisfait. La théorie de la vérité du sens conduit à un scepticisme humien, c’est ce qui découle du déroulement de l’argumentation.

L’intention du positivisme moderne était de ramener la connaissance à la certitude absolue ; ce qui a été proposé avec l’interprétation formaliste de la logique n’était rien d’autre qu’une reprise du programme de Descartes. Le grand