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§38. INDUCTION 339

Nous devrions être ramenés à la position aprioriste et être obligés de croire en des lois que nous ne pouvons pas justifier. Seule l’interprétation des fréquences nous libère des hypothèses métaphysiques et relie le problème des probabilités à la dissolution continue de l’a priori qui marque le développement de l’empirisme logistique moderne. La réduction des lois de probabilité à des tautologies par l’interprétation fréquentielle n’est cependant qu’un premier pas dans cette direction. Il reste un deuxième pas à faire.

§ 38. Le problème de l’induction

Jusqu’à présent, nous n’avons parlé que des qualités utiles de l’interprétation fréquentiste. Elle a aussi des qualités dangereuses.

L’interprétation des fréquences a deux fonctions dans la théorie des probabilités. Premièrement, une fréquence est utilisée comme justification de l’énoncé de probabilité ; elle fournit la raison pour laquelle nous croyons en cet énoncé. Deuxièmement, une fréquence est utilisée pour la vérification de l’énoncé de probabilité, c’est-à-dire qu’elle fournit le sens de l’énoncé. Ces deux fonctions ne sont pas identiques. La fréquence observée dont nous partons n’est que la base de l’inférence de probabilité ; nous avons l’intention d’énoncer une autre fréquence qui concerne les observations futures. L’inférence probabiliste part d’une fréquence connue pour aller vers une fréquence inconnue ; c’est de cette fonction qu’elle tire son importance. L’énoncé de la probabilité soutient une prédiction, et c’est pour cela que nous la voulons.

C’est le problème de l’induction qui apparaît avec cette formulation. La théorie de la probabilité implique le problème de l’induction, et une solution au problème de la probabilité ne peut être donnée sans une réponse à la question de l’induction. Le lien entre les deux problèmes est bien connu ; des philosophes comme Peirce ont exprimé l’idée qu’une