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292 CONSTRUCTION OF THE WORLD

des inférences menant aux parties les plus éloignées du monde. C’est l’idée de projection qui ouvre ces fenêtres sur le monde ; nous considérons les chaînes causales qui projettent le monde sur notre petit poste d’observation comme des indicateurs d’un environnement beaucoup plus vaste, dont la structure peut être retracée si nous copions ces chaînes causales par des chaînes d’inférences inversement dirigées.

Cependant, cet élargissement de nos connaissances présuppose la notion de probabilité. Ce n’est que parce que les méthodes de la probabilité sont à notre disposition que nous pouvons construire ces chaînes d’inférences. Si nous n’avions à notre disposition que des transformations tautologiques, nous ne pourrions jamais quitter notre petite plate-forme et ne ferions que répéter sous diverses formes ce que nous observons. Les inférences à caractère probabiliste, au contraire, nous permettent d’avancer de lieu en lieu ; elles nous permettent d’ajouter à nos observations de la plate-forme personnelle une connaissance d’objets plus éloignés. Elles peuvent le faire parce qu’elles ne prétendent pas à la certitude comme le font les transformations tautologiques ; si nous avançons de plus en plus loin, le degré de certitude diminue — mais c’est seulement parce que nous payons ce péage que nous pouvons avancer.

Nous avons souligné cette fonction du concept de probabilité à toutes les étapes de notre enquête. Nous avons montré que la signification des phrases sur le monde physique ne peut être conservée que si l’on introduit le concept de probabilité à la place du concept de vérité. Nous avons démontré qu’à cette condition, la connaissance à partir d’une sphère d’observation donnée n’est pas limitée à cette sphère mais peut s’étendre au-delà. Nous avons appliqué le même principe à l’étude du monde intérieur de notre propre corps et montré qu’il peut être déduit avec probabilité du monde environnant des stimuli et des réactions. Nous avons pu expliquer l’opposition