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266 CONSTRUCTION OF THE WORLD

existante même dans le cas d’une chose qui n’existe que subjectivement, comme dans le cas d’un rêve. C’est pourquoi la base de l’impression est préférée par de nombreux épistémologues ; elle nous permet de construire le monde à l’aide du seul concept d’existence objective. En revanche, il ne faut pas surestimer l’inconvénient du concept d’existence subjective. Il est vrai que ce concept peut conduire les philosophes à des fantaisies métaphysiques ; mais cela peut être évité si l’on s’en tient au fait que tout énoncé concernant des choses existant subjectivement est équivalent à un énoncé concernant des impressions existant objectivement. Le langage subjectif, c’est-à-dire la partie du langage immédiat qui concerne les choses subjectives, peut donc être traduit dans un langage objectif. Les objets subjectifs peuvent ainsi être comparés aux objets actifs des mathématiques, tels que le « point infiniment éloigné » ou la « section conique imaginaire ». Ces mots — et cela vaut aussi pour notre langage subjectif — peuvent être évités par un autre mode de langage ; mais ils sont très pratiques car ils permettent d’utiliser un langage simple dans des cas où un autre langage deviendrait plutôt opaque. Le langage des impressions a le grand inconvénient de se référer principalement aux illata et d’être donc non intuitif et non psychologique. Dans de nombreuses branches de la science moderne, il s’est avéré qu’il n’existe pas de langage idéal, que le meilleur langage pour une branche de la science n’est pas toujours le meilleur pour une autre. Il s’ensuit que la construction d’une langue universelle ne peut s’affranchir de certains conflits gênants avec les désirs du goût linguistique.

C’est l’avantage du concept d’existence immédiate, en raison de son inclusion du concept d’existence subjective, de nous permettre d’obtenir des énoncés de base d’un haut degré de certitude ; car il est beaucoup plus certain qu’il existe une chose immédiate qu’il n’existe une chose objective