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§28. WHAT IS THE EGO ? 259

la position particulière que nous occupons dans le monde ; c’est la question : Qu’est-ce que l’ego ?

Les métaphysiciens de tous les temps ont beaucoup écrit sur l’ego. Ils ont insisté sur le fait que c’est le point cardinal auquel il faut rattacher toute connaissance du monde, que l’ego est une entité métaphysique connue directement de nous-mêmes, qu’il est une « chose en soi » mais connue de nous par exception — et bien d’autres doctrines qui, sous le scalpel de l’analyse exacte, se révèlent n’être que des métaphores camouflant un manque de perspicacité quant à la nature logique des phénomènes psychologiques. Notre analyse de la psychologie apporte une réponse d’un tout autre ordre : L’ego est un abstractum, composé de concreta et d’illata, construit pour exprimer un ensemble spécifique de phénomènes empiriques.

Recueillons ces phénomènes. Notre caractérisation de la position spécifique de l’observateur de soi fournit le moyen de les mettre en évidence. Tout d’abord, il y a le fait que parmi tous les corps humains, il y en a un, notre propre corps, qui accompagne tous les phénomènes. Nous voyons la table et le papier sur lequel nous écrivons, et il y a une main, notre main, sur cette table. Nous pouvons tourner la tête de manière à ne pas voir la main, mais nous ressentons tout de même l’existence de cette main par le sens tactile. Nous ne pouvons pas nous débarrasser de ce monde de sensations corporelles. Nous constatons qu’elles sont liées à certains autres phénomènes : lorsque nous voyons une aiguille plantée dans notre main, nous la sentons, alors que nous ne sentons rien lorsque nous voyons la même aiguille plantée dans la main d’une autre personne. Nous voulons bouger nos jambes, et nous le faisons immédiatement ; mais nous ne pouvons pas bouger les jambes d’autres corps de manière aussi immédiate. Ainsi, notre propre corps physique semble être dans une relation unique avec un ensemble de phénomènes observés.

Deuxièmement, certains phénomènes physiques ne sont connus que de nous-mêmes. Nous nous tenons à la fenêtre et voyons une voiture dans la rue ; une autre personne, à l’intérieur