Page:Reichenbach - Experience and Prediction.djvu/248

Cette page n’a pas encore été corrigée

234 CONSTRUCTION OF THE WORLD

s’il n’y a pas du tout de chose objective coordonnée, comme dans le cas des rêves.

La position particulière de l’auto-observateur a conduit au concept d’introspection. Si ce terme ne signifie rien d’autre que le fait que l’auto-observateur est le seul à pouvoir donner une description complète de la chose immédiate, sans avoir recours à des réactions, le terme serait acceptable. Cependant, ce terme a été associé à l’idée d’une observation directe des processus intérieurs ; il a donc acquis une signification métaphysique trompeuse. Nous éviterons donc ce terme et le remplacerons par celui d’auto-observation.

L’idée d’introspection a été développée, je pense, dans une mauvaise interprétation d’un fait qui offre en effet la possibilité d’un malentendu : il s’agit du fait que le stimulus peut se situer dans notre propre corps. Nous avons déjà discuté ce cas dans notre critique des impressions (§ 19) ; nous y avons soutenu que, tout en voyant notre corps, nous pouvons le sentir par des sensations tactiles intérieures, et nous avons ajouté que ce caractère sensoriel se révèle dans le fait que ces sensations intérieures sont toujours localisées dans l’espace. Il faut maintenant étendre cette critique au cas plus général des phénomènes psychiques dits de niveau supérieur, tels que les pensées, les émotions, les passions, etc.

C’est l’un des arguments en faveur de l’« expérience psychique » que ces phénomènes ne soient pas localisés ; Kant prenait déjà comme qualité spécifique de la vie psychique le fait supposé qu’elle se déroule uniquement dans le temps mais n’est pas localisée dans l’espace. Je ressens, par exemple, une certaine joie à un moment précis ; mais cette joie n’a pas de place dans l’espace. J’ai eu l’idée d’aller au cinéma hier soir à sept heures ; mais cette idée n’a pas de position dans l’espace. Les phénomènes psychiques tels que l’amour ou la haine peuvent durer un certain temps, des heures ou des années, mais ils n’ont pas d’étendue spatiale. Cette non-spatialité de la vie psychique est considérée comme l’un des