Page:Reichenbach - Experience and Prediction.djvu/235

Cette page n’a pas encore été corrigée

§ 25. THE PROJECTIVE CONSTRUCTION 221

de choses individuelles mais de descriptions ; ce n’est que si une chose est donnée par une description que l’on peut se demander si elle existe. Le mécanisme de la sensation est organisé de telle sorte qu’il ne peut produire une sensation sans lui superposer une certaine description. Nous ne voyons pas les choses comme amorphes, mais toujours comme encadrées dans une certaine description. C’est comme si nous regardions un tapis persan : son motif est constitué de dessins colorés disposés selon une régularité étrange et complexe ; nous pouvons concevoir ses formes de différentes manières, en regroupant différentes formes dans un ensemble, mais nous ne pouvons pas le visualiser sans une certaine structure. Dans le même sens, les objets de nos sensations ont toujours un « caractère Gestalt ». Ils apparaissent comme s’ils étaient pressés dans un certain cadre conceptuel ; c’est le fait d’être vu dans ce cadre que nous appelons l’existence immédiate.

La description dans le cadre de laquelle nous voyons les choses ne correspond à la chose objective que dans une certaine mesure. Ce fait trouve son expression dans les qualités prédictives de la description coordonnée. À chaque description correspond un domaine de prédictions incluses ; le degré de correspondance est mesuré par le ratio de prédictions vraies à l’intérieur de ce domaine. Nous voyons une fois de plus qu’entre les choses subjectives du type de celles qui se produisent dans le cinéma et la concrétude immédiate, il n’y a qu’une différence de degré : le rapport des prédictions vraies est plus grand dans le cas de la concrétude immédiate — c’est la seule différence. Le rapport des prédictions vraies n’est pas non plus égal à un dans le cas des concreta, ni égal à zéro dans le cas du cinéma ; dans ce cas aussi, il y a un certain nombre de prédictions vraies — celles qui se limitent aux changements dans la sphère optique — incluses dans la description. Le cadre descriptif dans lequel nous voyons le monde n’est jamais qu’un substitut à une description complètement vraie et n’exprimera que certaines caractéristiques plus ou moins essentielles de l’objet physique.