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§ 25. THE PROJECTIVE CONSTRUCTION 205

rapportent des histoires étranges sur l’interconnexion entre les rêves et les faits réels chez les races primitives. Un homme qui rêve qu’une certaine femme lui fait une déclaration d’amour peut prendre cela pour une offre réelle ; un homme qui rêve qu’un autre homme l’a blessé, ou qu’un membre de sa famille, peut essayer de tuer cet homme.[1] Les observations d’enfants à l’époque de la petite enfance fournissent des résultats analogues ; nous savons qu’il y a des enfants qui racontent, sans aucune conscience de mensonge, des choses qui ne se sont jamais produites, comme si elles avaient été observées par eux — révélant ainsi qu’ils ne font pas toujours la différence entre l’existence subjective et l’existence objective. Nous voyons qu’il ne s’agit pas seulement de la différence entre le rêve et l’éveil. Il y a beaucoup de choses vues pendant l’éveil qui s’avèrent par la suite n’avoir qu’une existence subjective. C’est à cette catégorie qu’appartiennent les illusions d’optique, comme l’image vue dans un miroir, considérée à l’origine comme une chose matérielle derrière le miroir, ou l’apparence d’un bâton courbé produit par un bâton droit placé dans de l’eau claire. À l’origine, le monde est rempli d’illusions de ce type. D’un point de vue historique, l’homme a mis longtemps à apprendre à distinguer l’existence subjective de l’existence objective, distinction obtenue au moyen de processus intellectuels mais non directement fournie par l’observation.

La logique de cette distinction est la suivante. Nous partons du présupposé que toutes les choses que nous observons existent, c’est-à-dire du présupposé que l’existence immédiate est équivalente à l’existence objective. Nous nous efforçons alors de construire un réseau de relations combinées entre les choses ; nous appelons cela des lois physiques. Ce sont des relations du type : « S’il y a une chose, il y a aussi une autre chose ». Si l’autre chose n’est pas observée, il est facile, dans cet état primitif, de modifier certaines conditions et de l’observer. L’homme primitif voit que

  1. Cf. Lévy-Brühl, La Mentalité primitive (Paris, 1922), p. 102.