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204 CONSTRUCTION OF THE WORLD

à n’importe quelle base, et ce qui est une base pour un système logique peut devenir un résultat déduit pour un autre. Cet arbitraire logique de la base épistémologique a été justement souligné par Carnap.[1] Si l’on veut marquer une base comme « originale », cette question ne peut concerner que la base qui correspond le mieux à l’exercice effectif de la connaissance ; on peut demander la forme la mieux adaptée de la reconstruction rationnelle. Cela conduit à distinguer trois sens du mot « original », selon que l’on veut adapter la reconstruction rationnelle au cours historique de la connaissance, au cours de l’acquisition individuelle de la connaissance dans le développement de l’enfance à l’âge adulte, ou au cours des opérations dans lesquelles la connaissance est effectivement réalisée à chaque moment où l’on veut connaître quelque chose de nouveau. Ces trois types de bases ne sont peut-être pas identiques, mais elles sont similaires et sûrement assez éloignées de la base « la plus simple » telle que les logiciens voudraient la supposer. Du point de vue d’un système bien ordonné, au sens logique, la base réelle se situe à un niveau intermédiaire plutôt compliqué. Cela est particulièrement évident si l’on considère la base au troisième sens du terme. L’acte d’acquisition de connaissances révèle son fondement implicite chaque fois que des doutes sur le monde physique apparaissent, comme par exemple au moment de l’éveil ou à des moments de forte tension nerveuse. Nous revenons alors aux objets immédiatement existants, aux concreta, comme aux faits les plus fiables. Ce retour à la base de l’existence immédiate indique que c’est le monde du concret qui constitue la base psychologique actuelle.

Considérons ce monde originel et les moyens de s’en émanciper. Les primitifs ne font aucune distinction entre l’existence subjective et l’existence objective ; ils prennent pour réel ce qu’ils observent et ne font aucune différence entre le rêve et la veille. Les explorateurs

  1. R. Carnap, Der logische Aufbau der Welt (Berlin et Leipzig, 1928), p. 83.