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CHAPITRE IV

LA CONSTRUCTION PROJECTIVE DU

MONDE SUR LA BASE DES CONCRETA

§ 23 La grammaire du mot « existence »

Notre enquête sur la nature des impressions nous a conduits à la conclusion que les impressions ne sont pas observées mais seulement déduites. Nous avons dit que les choses directement observées sont les choses concrètes de la vie quotidienne et que c’est une inférence qui nous conduit d’elles à l’existence des impressions. La base de la construction épistémologique est donc le monde des objets concrets ; à partir de cette sphère, les inférences conduisent à des objets physiques plus complexes, d’une part, et à des impressions, d’autre part.

Notre tâche consistera à analyser ce processus, à développer l’ensemble de la construction du monde sur la base des concreta — le résultat forme ce que l’on appelle habituellement notre image du monde. L’analyse de cette construction nous fournira une théorie de l’existence qui relie nos résultats concernant le caractère probabiliste des relations de combinaison à la découverte que c’est la sphère des objets concrets, et non des impressions, qui doit être prise comme base pour la reconstruction rationnelle du monde.

Mais avant d’entrer dans cette analyse, il faut faire une remarque préliminaire sur le terme « existence ». Le langage exprime ce concept par l’expression « il y a ». Si nous nous interrogeons sur la signification de ce terme, nous devons commencer par une enquête sur les règles selon lesquelles les mots « il y a » sont utilisés. C’est-à-dire que nous voulons apprendre la grammaire du terme ; sans connaître cette grammaire