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§ 19. DO WE OBSERVE IMPRESSIONS ? 165

principale différence est donnée par les deux mondes du rêve et de la veille : parfois les choses que nous observons restent longtemps, parfois seulement pour une courte période ; parfois elles montrent des qualités constantes et persistantes, parfois elles offrent des aspects et des combinaisons curieuses et surprenantes. Pour expliquer cette différence, j’introduis la distinction entre la chose physique et mon impression de la chose ; je dis qu’habituellement il y a en moi à la fois des choses physiques et des impressions, mais que parfois il n’y a que des impressions sans choses physiques correspondantes. La responsabilité des choses confuses et curieuses est ainsi retirée aux choses « extérieures » et transférée à une autre chose appelée « moi ». Mais avec cette conception, le monde est dédoublé ; nous soutenons que dans le cas normal des choses bien ordonnées, il y a aussi la duplicité des choses extérieures et de mes impressions. Nous avons besoin de cette hypothèse pour justifier l’explication selon laquelle, dans le cas du monde confus, l’un des deux mondes, le monde extérieur, est abandonné. La distinction entre le monde des choses et le monde des impressions ou des représentations est donc le résultat d’une réflexion épistémologique. On sait combien il a fallu de temps à l’humanité, dans son évolution historique, pour découvrir cette distinction ; aujourd’hui encore, les peuples primitifs font preuve d’une confusion des deux mondes — ils prennent les rêves pour des réalités et justifient les actions du monde éveillé par les expériences qu’ils ont eues en rêve (cf. § 25). Il n’y a pas de conscience directe des impressions ou des représentations ; nous devons apprendre à déduire si les choses que nous observons sont « réelles » ou si elles ne sont qu’« apparentes », ce terme signifiant qu’il y a des processus dans mon seul corps qui ne sont pas accompagnés de manière habituelle par des choses physiques.

Je ne dis pas que cette réduction est une fausse théorie ; au contraire, c’est une très bonne théorie. Elle explique de nombreux faits tels que la différence entre l’image du miroir concave