158 IMPRESSIONS AND THE EXTERNAL WORLD
se trouve dans l’idée que la signification d’une phrase est quelque chose qui peut être indiqué, qui peut être vu et connu. Ce « quelque chose » est construit par le positivisme dans l’ensemble des impressions appartenant à la phrase. Mais ce que l’on obtient ainsi, ce ne sont que des images, des représentations associées. C’est une conception psychologique de la signification que le positivisme entretient — en s’appuyant toutefois sur quelques restes métaphysiques repris de la philosophie traditionnelle — à partir d’une conception substantielle de la signification. C’est de cette méprise profonde que naît la théorie positiviste de la signification.
La signification d’une proposition n’est pas « quelque chose » — il n’y a pas de question du type : « Quelle est la signification ? ». Une proposition a une signification — c’est-à-dire qu’une proposition a certaines qualités ; mais elle n’a pas un quelque chose de coordonné qui est la signification. Nous ferions mieux de dire : une proposition est significative — le terme substantif « a une signification » doit toujours être compris dans le sens de l’adjectif « est significatif ». Cela correspond à l’usage que nous faisons des mots dans les deux principes de la théorie de la signification qui définissent non pas l’usage du terme « signification » mais celui du terme « a une signification ». Le premier dénote à quelles conditions une proposition a une signification, le second dénote à quelles conditions deux propositions ont la même signification ; c’est tout ce dont nous avons besoin — nous n’avons pas besoin de savoir ce qu’est la signification.
Comprendre une proposition est le désir de tout chercheur bien intentionné, et il semble peut-être que nous fassions preuve d’un radicalisme sans cœur si nous soutenons qu’il n’y a pas de compréhension au sens de « connaître l’intension ». Mais ce que nous appelons compréhension n’est rien d’autre que la production d’images associées, la représentation de certains effets liés à la phrase, la formation d’une représentation intuitive. Nous n’avons pas l’intention de l’interdire, bien au contraire. Nous sommes convaincus qu’il s’agit là d’une très bonne et très féconde façon de travailler en science,