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§ 16. AN EGOCENTRIC LANGUAGE 143

Il ne peut être qu’équivalent à un langage conférant une probabilité à des énoncés sur le monde physique.

Notre enquête confirme donc notre thèse selon laquelle la relation entre les impressions et le monde physique est une projection et non une réduction. Les impressions restent des éléments externes du monde et ne peuvent être considérées comme des éléments internes. L’idée positiviste selon laquelle cette distinction n’est qu’une question de définition et qu’une projection peut être transformée en réduction sans que la signification en soit modifiée, n’est pas tenable. Le langage égocentrique qui prendrait la forme d’une conception du monde physique comme un complexe réductible d’impressions ne peut fournir des propositions équivalentes à des propositions concernant l’existence des choses physiques mais seulement des phrases concernant une probabilité d’existence des choses physiques. Le langage égocentrique n’est pas équivalent au langage physique mais seulement à une partie de celui-ci ; il s’agit de la partie concernant la base des inférences de probabilité. C’est précisément la partie concernant les choses physiques, donnée par le résultat des inférences de probabilité, qui ne trouve pas d’équivalent dans le langage égocentrique.

Ces résultats montrent que la conception positiviste du problème de l’existence n’est plus tenable. La conception positiviste selon laquelle la question de l’existence du monde extérieur est un pseudo-problème repose sur l’idée que le langage physique est équivalent à un langage égocentrique. Car ce n’est que dans le cas d’une telle équivalence que l’on est en droit de contester le caractère incertain du processus logique qui conduit des impressions aux choses extérieures ; s’il ne s’agit que d’une transformation d’équivalence du langage, il ne subsiste aucune incertitude quant à l’existence des choses extérieures. Nous voyons cependant que c’est une erreur ; il n’y a pas d’équivalence logique entre les énoncés sur les impressions et les énoncés sur les choses extérieures, ces derniers sont ob