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142 IMPRESSIONS AND THE EXTERNAL WORLD

les choses physiques. Le second énoncé prend en compte le cas d’une exception aux règles connues de la causalité ; il pourrait arriver que les lois de l’optique soient soudainement remplacées, et que la chose, bien que se trouvant à sa place, ne soit pas vue. Nous devons donc dire que la proposition 3 n’est équivalente qu’à la proposition suivante :

Langage égocentrique
Langage usuel
3. Comme précédemment. 3b. Il est très probable que la chose existe pendant l’intervalle .

Nous constatons que la proposition 3 est équivalente non pas à une proposition concernant l’existence d’une chose mais à une phrase attribuant une probabilité à l’existence d’une chose.[1] Nous arrivons à un résultat similaire si nous examinons d’autres exemples. Nous constatons que les propositions normales concernant l’existence des choses ne peuvent pas être exprimées dans le langage égocentrique ; ce langage ne peut exprimer que des phrases concernant une probabilité pour l’existence des choses.

Cette caractéristique remarquable du langage égocentrique doit être interprétée de la manière suivante. Le langage égocentrique ne confère l’existence qu’aux choses observées, ou, ce qui revient au même, aux impressions.[2] Les impressions sont la base d’une inférence de probabilité dirigée vers d’autres choses. Un énoncé sur les impressions n’est donc pas équivalent à une phrase sur les choses physiques ; il ne peut être équivalent qu’à un énoncé conférant une probabilité à une phrase sur d’autres choses. Le langage égocentrique qui ne traite que des impressions ne peut être équivalent à un langage concernant le monde physique.

  1. À proprement parler, il ne s’agit pas d’une équivalence mais d’une implication unilatérale du langage égocentrique à un énoncé de probabilité sur le langage réaliste (cf. notre remarque à la fin du § 17).
  2. Je ne signifie pas par là que les choses observées et les impressions sont identiques. Mais il y a une correspondance univoque entre eux, et donc le langage égocentrique peut être formulé soit pour les choses observées, soit pour les impressions.