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§11. EXISTENCE OF ABSTRACTA 93

le « monde de la veille » est meilleur ? Le fait que ce monde soit d’une plus grande régularité n’est pas un argument convaincant ; ce n’est pas non plus un argument pour dire que dans ce monde, il nous arrive même de réfléchir à sa réalité. Cela peut également se produire dans le monde des rêves ; il y a en effet des rêves dans lesquels nous essayons de découvrir si nous sommes dans un rêve et décidons que nous n’y sommes pas, pour découvrir au réveil que cette décision faisait elle-même partie d’un rêve. La question de la réalité de notre monde de la vielle ne peut donc pas être rejetée comme déraisonnable ; elle est aussi raisonnable que la distinction entre le monde de la veille et le monde des rêves.

§ 11. L’existence des abstractions

Il y a un second problème concernant l’existence, distinct de celui des impressions. C’est le problème des abstractions. Qu’en est-il de l’existence de choses telles que l’état politique, l’esprit de la nation, l’âme, le caractère d’une personne ? Des choses de ce type existent-elles ? Si elles existent, sont-elles des choses à côté de choses concrètes comme les maisons ou les arbres ? Ou s’agit-il de choses d’une autre sphère d’existence ? Mais quelle est alors cette autre sphère ? Depuis l’époque de la philosophie grecque, cette question a été constamment discutée ; elle a fait l’objet de la célèbre controverse entre le nominalisme et le réalisme ; elle a divisé les philosophes en partis aussi profondément que l’a fait la question de la réalité du monde extérieur.

Malgré toutes les différences, il y a un trait commun dans la structure des deux problèmes de l’existence. L’un pose la question de l’existence de l’abstracta en tant qu’il est distinct du concret, l’autre pose la question de l’existence du concret en relation avec les impressions. C’est ce caractère relationnel qui est commun aux deux problèmes. Nous devrons donc étudier les relations qui interviennent ici. Comme ces relations sont d’un