Page:Reichenbach - Experience and Prediction.djvu/101

Cette page n’a pas encore été corrigée

§ 9. ABSOLUTE VERIFIABILITY 87

la touchais maintenant, je sentirais la résistance », ou « Si je posais le livre sur la table maintenant, il ne tomberait pas », phrases qui concernent des observations futures et non des observations passées. Il est vrai que des observations passées du type mentionné peuvent suffire à étayer mon affirmation, mais seulement parce que je fonde des inductions sur elles ; l’affirmation concernant la table comme objet matériel ne peut être séparée des prédictions sans perdre son caractère défini ; c’est-à-dire qu’elle n’indiquerait plus un objet physique défini. Tel est, me semble-t-il, le raisonnement qui prouve indubitablement qu’il n’existe pas d’énoncé concernant des objets physiques qui soit absolument vérifiable. Les énoncés concernant les objets physiques simples sont très sûrs, mais pas absolument sûrs. Ils ne sont pas sûrs parce qu’ils sont contrôlables ; si nous admettons la possibilité qu’une observation ultérieure puisse contrôler notre énoncé sur une observation présente, nous ne pouvons pas exclure le cas d’un résultat négatif de ce contrôle — c’est-à-dire que notre énoncé ne peut pas être maintenu comme certain. Si, malgré cela, nous considérons de tels énoncés comme certains, nous procédons à une idéalisation ; nous identifions un haut degré de probabilité à la certitude. Mais, à proprement parler, il ne s’agit pas de vérité mais de poids ; même les phrases d’observation de la vie quotidienne ne doivent pas être considérées comme des phrases directes mais comme des phrases indirectes jugées par le prédicat de poids au lieu du prédicat de vérité. La théorie probabiliste de la signification doit donc être appliquée même aux phrases d’observation de la physique ou de la vie quotidienne, si l’on veut que ces phrases aient une signification.

On a essayé de montrer que, bien qu’un énoncé physique ne puisse jamais être vérifié de manière absolue, on peut au moins démontrer dans certains cas que l’énoncé est faux. Si un livre posé sur une table ne reste pas couché mais tombe verticalement, on peut considérer comme certain que ce qui est observé n’est pas une table matérielle. Le principe