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4- SEARCH FOR MORAL DIRECTIVES

La connaissance devait d’abord acquérir la perfection et la dignité que l’esprit grec lui a conférées par la construction des mathématiques en tant que système logique, avant de pouvoir être considérée comme fournissant le fondement des règles éthiques. Les lois de la nature et des mathématiques devaient d’abord être reconnues comme des lois, comme des relations qui nous imposent une reconnaissance et ne tolèrent aucune exception, avant de pouvoir être conçues comme des parallèles des lois éthiques. Le double sens du mot « loi », comme commandement moral et comme règle de la nature ou de la raison, témoigne de la construction de ce parallélisme.

Le motif du parallélisme semble être le désir d’établir l’éthique sur un meilleur terrain que la religion. La confiance dans le commandement de Dieu peut satisfaire un esprit naïf qui n’est pas troublé par des doutes sur la supériorité du père. Les personnes qui ont construit la forme logique des mathématiques ont découvert une nouvelle forme de commandement, le commandement de la raison. La forme impersonnelle de ce commandement le fait apparaître comme d’un type supérieur ; il exige l’assentiment que l’on croie ou non à l’existence des dieux, il élimine la question de savoir si les règles des dieux sont bonnes, il nous affranchit de la conception anthropomorphique selon laquelle faire le bien consiste à se subordonner à une volonté supérieure. Il n’est pas étonnant que la meilleure façon d’établir des règles éthiques obligatoires pour tous semble être donnée dans un parallélisme éthico-cognitif, dans la thèse selon laquelle la vertu est la connaissance.

Un système philosophique qui présente le parallélisme éthico-cognitif dans sa forme extrême est l’éthique de Spinoza (1632-1677). Dans ce système, Spinoza va jusqu’à imiter la construction axiomatique de la géométrie d’Euclide, espérant ainsi établir l’éthique sur un terrain aussi solide que celui de la géométrie. Comme Euclide, il commence par des axiomes et des postulats, puis dérive théorème après théorème ; son Éthique se lit, en fait, comme un manuel de géométrie.