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2. THE SEARCH FOR GENERALITY

des jardins, Dieu a fait le monde. L’une des questions les plus générales et les plus fondamentales, celle de la genèse du monde physique, trouve sa réponse dans une analogie avec les expériences de l’environnement quotidien. On a souvent soutenu, à juste titre, que de telles images ne constituent pas une explication et que, si elles étaient vraies, elles ne rendraient le problème de l’explication que plus difficile à résoudre. Le récit de la création est une pseudo-explication.

Et pourtant — quel pouvoir de suggestion il recèle ! Le peuple juif, alors encore à un stade primitif, a donné au monde un récit si vivant qu’il a fasciné tous les lecteurs jusqu’à nos jours. Notre imagination est tenue en haleine par l’image impressionnante d’un dieu dont l’esprit se déplaçait à la surface des eaux et qui a donné naissance à tout le monde en quelques ordres. Les désirs profonds et innés d’un père puissant sont satisfaits par cette brillante fiction antique. La satisfaction des désirs psychologiques n’est cependant pas une explication. La philosophie a toujours été entravée par la confusion entre logique et poésie, entre explication rationnelle et imagerie, entre généralité et analogie. Beaucoup de systèmes philosophiques sont comme la Bible, un chef-d’œuvre de poésie, riche en images qui stimulent notre imagination, mais dépourvu du pouvoir de clarification qui découle de l’explication scientifique.

Certaines cosmogonies grecques diffèrent de l’histoire juive de l’origine du monde en ce qu’elles supposent une évolution et non une création. À cet égard, elles sont plus scientifiques, mais elles n’offrent aucune explication scientifique au sens moderne du terme, car elles sont elles aussi construites à partir de généralisations primitives tirées de l’expérience quotidienne. Anaximandre, qui vivait environ 600 ans avant J.-C., pensait que le monde évoluait à partir d’une substance infinie, qu’il appelait apeiron. Le chaud s’est d’abord séparé du froid, qui est devenu la terre ; le feu chaud a entouré la terre froide et a ensuite été pris dans des tuyaux d’air en forme de roue.