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1.

La Question



oici un passage extrait des écrits d’un célèbre philosophe : « La raison est substance, ainsi que puissance infinie, sa propre matière infinie sous-tendant toute la vie naturelle et spirituelle ; ainsi que la forme infinie, celle qui met la matière en mouvement. La raison est la substance d’où toutes les choses tirent leur être. »

Plus d’un lecteur n’a pas de patience pour les produits linguistiques de ce type. Faute d’y trouver un sens, il peut se sentir enclin à jeter le livre au feu. Pour passer de cette réaction émotionnelle à la critique logique, ce lecteur est invité à étudier le langage dit philosophique avec l’attitude de l’observateur neutre, comme le naturaliste étudie un spécimen rare de coléoptère. L’analyse de l’erreur commence par l’analyse du langage.

L’étudiant en philosophie n’est généralement pas irrité par les formulations obscures. Au contraire, en lisant le passage cité, il serait probablement convaincu que c’est de sa faute s’il ne le comprend pas. Il le lira donc encore et encore et finira par atteindre un stade où il pensera l’avoir compris. À ce point, il lui semblerait tout à fait évident que la raison consiste en un matériau infini qui sous-tend toute la vie naturelle et spirituelle et qui est donc la substance de toutes choses. Il a été tellement conditionné à cette façon de