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HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE
IV. — Chine.

La doctrine renfermée dans les Kings, qui remontent à la plus haute antiquité, peut se résumer ainsi :

Toutes choses reposent sur le Tao (raison par excellence). Le Tao a engendré deux natures, yan et yn ; l’une parfaite, l’autre imparfaite, qui en s’unissant produisent l’univers.

Au-dessus de ce monde terrestre sont les esprits appelés chins, et au premier rang le chin-gin ou le saint, indivisiblement uni à la raison suprême et chargé de réconcilier le ciel avec la terre.

L’homme a deux âmes ; à la mort, l’une de ces âmes rentre dans la terre, d’où elle est sortie ; l’autre remonte au ciel, d’où elle était descendue.

Trois écoles philosophiques se rattachent à la doctrine religieuse des Chinois.

L’école de Lao-Tseu (vers 600 av. J.-C), exclusivement métaphysique, a pour objet de ramener à sa pureté primitive l’idée du Tao. Ce Tao est le principe et l’archétype des choses. Il renferme une triade ineffable[1] : « Tao a produit un, dit Lao-Tsen, un a produit deux, les deux ont produit le trois, les trois ont produit toutes choses. »

L’école de Confucius (551 av. J.-C.) est essentiellement morale. Tous les devoirs découlent de la piété filiale, qui se divise en trois sphères : respect et soin des parents, service du prince et de la patrie, service du Seigneur du ciel. Confucius a revisé les Kings, et son influence n’a point cessé de dominer dans le plus vaste empire du monde, où on le regarde toujours comme le sage par excellence.

L’école des lettrés (xiiie siècle de l’ère chrétienne) rejette l’enseignement des Kings et semble admettre un panthéisme matérialiste ; elle se rattache au culte de Bouddha, qui commença à être honoré par les Chinois dans les premiers siècles de notre ère sous le nom de Fo.


  1. Il est remarquable que les caractères /, lli, Wei, employés par LaoTseu pour désigner les termes de cette triade, sont étrangers à la langue chinoise et donnent, en s’unissant, le nom de Jéhovah.