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INTRODUCTION

mystiques. — 5° Éclectisme. Certains esprits préfèrent cependant chercher çà et là les solutions qui leur paraissent les plus plausibles, et ils s’efforcent de les concilier ; de là les systèmes éclectiques[1].

Dans tous ces systèmes, il y a mélange de vérité et d’erreur. Les systèmes empiriques et idéalistes ont raison en ce qu’ils reconnaissent l’une des deux origines de nos connaissances ; ils ont tort en ce qu’ils négligent ou rejettent l’autre.

Les systèmes sceptiques ont raison de proclamer l’impuissance des systèmes contradictoires auxquels ils succèdent ; ils ont tort de conclure, de là l’impuissance radicale de l’intelligence humaine.

Les systèmes mystiques ont raison de croire que l’homme est fait pour la vérité, et que cette vérité est en Dieu ; mais ils ont tort de prétendre que l’homme ne peut jamais l’atteindre par la réflexion.

Enfin l’éclectisme a raison de croire qu’il y a dans presque tous les systèmes quelques lambeaux de vérité ; mais il a tort de choisir sans une règle fixe et sûre qui le guide.

Méthodes possibles. — Dans une histoire de la philosophie, trois méthodes peuvent être employées : (a) la méthode chronologique, qui suit pas à pas l’ordre des temps ; (b) la méthode logique, qui distingue d’abord les différentes écoles et montre après séparément le développement de chacune d’elles dans la suite des âges ; (c) la méthode mixte, que nous adopterons. Combinaison des deux autres, elle détermine certaines époques générales, et suit dans chacune d’elles l’ordre logique des écoles qui s’y sont succédé.

Division de l’histoire de la philosophie. — L’histoire de la philosophie, comme l’histoire générale, se divise en trois grandes périodes :

Philosophie ancienne, des origines à la chute de l’empire d’Occident (476) ;

Philosophie du moyen âge, ou philosophie scolastique

  1. Cousin fait grand cas de « cet art élevé et délicat qui s’appelle l’éclectisme », et qui « se compose d’intelligence, d’équité, de bienveillance ». Il ne le range pourtant pas, comme nous avons cru devoir le faire, au nombre de ces « systèmes élémentaires » dont l’esprit humain ne peut, à travers les siècles, que « multiplier et varier presque à l’infini les combinaisons ». Cousin regarde l’éclectisme comme « la muse qui doit présider à l’histoire de la philosophie ».