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du mythe grec et me permettent d’affirmer qu’il est moins ancien que le mythe védique.

Je n’ai donc dans le folk-lore ni les éléments d’un système, ni ceux d’une histoire ; je suis bien obligé bon gré mal gré de m’en passer et d’arriver tout droit où je les trouve d’abord, c’est-à-dire au Rig-Véda.

Je ne crois pas, en effet, avoir à me laisser arrêter longtemps en route par le fétichisme. Je ne contesterai pas la vraisemblance de l’hypothèse que notre race l’a connu et pratiqué aux époques lointaines où son développement intellectuel et moral correspondait à celui des différents peuples sauvages chez lesquels on le rencontre encore. Mais cette induction n’implique nullement que la conception obscure à tout égard représentée par le fétiche ait toujours précédé les mythes généralement lumineux du naturalisme. Rien ne s’oppose, ce me semble, à ce que l’on admette une origine distincte et un développement parallèle pour ces deux ordres d’idées, auprès desquelles je rangerais volontiers sur le même pied celles dont dépend le culte des ancêtres. Dans tous les cas, les rapports de filiation qui les rattacheraient les unes aux autres, avec priorité pour le fétichisme, ont un caractère des plus hypothétiques. Toute trace de fétiche proprement dit est absente du Rig-Véda et la mythologie cosmologique, météorologique ou lumineuse, dont les hymnes qui le composent sont empreints, s’explique par elle-même et d’une manière indépendante de conceptions antérieures d’aucune sorte ; du moins c’est ce que j’essaierai de démontrer tout à l’heure.


II


Le Rig-Véda est le plus ancien document de provenance indo-européenne qui nous présente un système mythologique et religieux. — Soit, me dira-t-on ; mais ne résulte-il pas de ce dernier point, d’abord qu’il n’est pas très ancien, ensuite qu’il ne saurait