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reçoivent avidement l’eau nouvelle dans leurs bouches toutes barbouillées de fange ; les paons chantent à gorge déployée (69) ; l’arbre nîpa et le madana resplendissent comme des flambeaux (70) ; la lune est dérobée par les nuages comme un dépôt par de malhonnêtes gens, déshonneur de leur famille, et l’éclair, pareil à une jeune fille de pauvre extraction, n’a pas un instant de repos. »

Vasantasenâ. — Maître, votre description (71) est très-belle.

« La nuit, comme une rivale (72) qu’exaspère la jalousie, me barre le chemin, et, pour m’arrêter, me répète sans cesse ces mots par la voix du tonnerre (73) : — « Cela te regarde-t-il, indiscrète, si mon bien-aimé caresse les seins (ou les nuages) (74) dont je suis couverte ? »

Le vita. — Eh bien ! vous pouvez de votre côté lui adresser des reproches (75).

Vasantasenâ. — À quoi serviraient-ils ? Elle est femme, et par conséquent obstinée. Sachez d’ailleurs une chose :

« Qu’il pleuve (76) ou qu’il tonne, que la foudre tombe même, les femmes ne tiennent compte ni du chaud ni du froid quand il s’agit de voir celui qu’elles aiment. »

Le vita. — Vasantasenâ, voyez ce spectacle :