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strabon.

C’est par l’ordre du roi que j’y viens aujourd’hui ;
Je suis, sans me vanter, assez bien avec lui :
Le plaisir de nous voir quelquefois nous rassemble ;
Et nous devons, je crois, ce soir souper ensemble.

cléanthis.

C’est un honneur qu’il fait à peu de courtisans.

strabon.

D’accord ; mais il sait vivre, et connoît bien ses gens.
Pour convive, je suis d’une assez bonne étoffe,
Suivant de Démocrite, et garçon philosophe.

cléanthis.

On le voit ; votre esprit éclate dans vos yeux.

strabon.

Madame…

cléanthis.

Madame…Tout en vous est noble et gracieux.

strabon.

Madame, à bout portant vous tirez la louange.
Je veux être un maraud, si mes sens, en échange,
Auprès de vos appas ne sont tout stupéfaits.

cléanthis.

Peu de cœurs devant vous ont conservé leur paix.

strabon.

Ah, madame ! Il est vrai qu’on est fait d’un modèle
À ne pas attaquer vainement une belle.
On sait de son esprit se servir à propos ;
Se plaindre, se brouiller, écrire quatre mots,
Revenir, s’apaiser, se remettre en colère ;