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strabon.

Me voilà.Je te vois.

thaler.

Me voilà. Je te vois.Je n’ai pas méchant air,
N’est-ce pas ?

strabon.

N’est-ce pas ? Je me donne au grand diable d’enfer
Si seigneur à la cour, dans ses airs de conquête,
Est mieux paré que toi des pieds jusqu’à la tête.

thaler.

Je suis, sans vanité, bien tourné quand je veux,
Et j’ai, quand il me plaît, tout autant d’esprit qu’eux,
Qui fait le bel oiseau ? C’est, dit-on, le plumage.
Notre fille est, de même, en fort bon équipage.
Allons, faut dire vrai, je suis content du roi ;
Morguenne, il en agit rondement avec moi.
Ils m’ont bien fait dîner : c’est un plaisir extrême
D’avoir grand appétit, et l’estomac de même,
Lorsque l’on peut tous deux les contenter, s’entend.
J’ai mangé comme quatre, et j’ai trinqué d’autant.

strabon.

Tu te trouves donc bien en cette hôtellerie ?

thaler.

J’y serois volontiers tout le temps de ma vie.
L’état où je me vois me fait émerveiller :
M’est avis que je rêve, et crains de m’éveiller.

strabon.

Malgré tes beaux habits, ton air gauche et sauvage
Tient encore, à mes yeux, quelque peu du village.