Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/424

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais vous savez quel cas je fais de vos discours.
Ménechme m’appartient, et voilà la promesse
Qu’il me fit de sa main pour marquer sa tendresse.

Démophon

Mais jusqu’où va, ma sœur, votre crédulité ?

Araminte

Il est, vous dis-je, à moi ; je l’ai bien acheté.
Entendez-vous, ma nièce ?

Isabelle

Oui, sans doute, ma tante,
J’entends bien.

Araminte

Sans mentir, vous êtes fort plaisante
De vouloir m’enlever un cœur comme le sien,
Et vous approprier si hardiment mon bien !
Un procédé pareil est sot et malhonnête.

Isabelle

Qui pourroit de vos mains ravir une conquête ?
Quand on est une fois frappé de vos attraits,
Vos yeux vous sont garants qu’on ne change jamais.
Ce sont ces yeux charmants qui les volent aux autres.

Araminte

Mes yeux sont, pour le moins, aussi beaux que les vôtres ;
Et, lorsque nous voudrons les employer tous deux,
On verra qui de nous y réussira mieux.

Démophon

Oh ! Je suis à la fin bien las de vous entendre.