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Valentin

En attendant qu’il vienne,
Souffre que mon amour un moment t’entretienne,
Et que j’offre mon cœur à tes charmants attraits.

Finette

Porte ailleurs tes présents ; ne me parle jamais.
Ton maître m’a traitée avec tant d’insolence,
Qu’il faut sur le valet que j’en prenne vengeance.
M’appeler créature !

Valentin

Ah ! Cela ne vaut rien.
Il est dur quelquefois et brutal comme un chien.

Finette

J’ai de ses vilains mots l’oreille encor blessée ;
Et ma maîtresse en est si fort scandalisée,
Que, rompant avec lui désormais tout à fait,
Je viens lui demander et lettres et portrait.

Valentin

Pour les lettres, d’accord ; c’est un dépôt stérile,
Dont la garde, à mon sens, est assez inutile :
Mais pour le portrait d’or, attendu le métal,
Le cas, à mon avis, ne paroît pas égal.
Quand le besoin d’argent nous presse et nous harcèle,
Tu sais, ma pauvre enfant, qu’on troque la vaisselle.

Finette

Pourroit-on d’un portrait faire si peu de cas ?

Valentin

Nous nous sommes trouvés dans de grands embarras.
Mais, depuis quelque temps, un oncle, un honnête homme,