Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/390

Cette page n’a pas encore été corrigée
Ménechme

J’aime les gens d’esprit plus que personne en France :
J’en ai du plus brillant, et le tout sans science.
Je trouve que l’étude est le parfoit moyen
De gâter la jeunesse, et n’est utile à rien :
Aussi je n’ai jamais mis le nez dans un livre ;
Et quand un gentilhomme, en commençant à vivre,
Sait tirer en volant, boire, et signer son nom,
Il est aussi savant que défunt Cicéron.

Démophon

Prendrez-vous une charge à la cour, à l’armée ?

Ménechme

Mon âme dans ce choix est indéterminée.
La cour auroit pour moi d’assez puissants appas,
Si la sujétion ne me fatiguoit pas.
La guerre me feroit d’ailleurs assez d’envie,
Si des gens bien versés en l’art d’astrologie
Ne m’avoient assuré que je vivrai cent ans :
Or, comme les guerriers vont peu jusqu’à ce temps,
Quoique mon nom fameux put voler dans l’Europe,
Je veux, si je le puis, remplir mon horoscope.
Oh ! J’aime à vivre, moi.

Valentin

Vous êtes de bon sens,

Isabelle

Bas.

Quel discours ! Quel travers ! Est-ce lui que j’entends ?

Ménechme

Qu’avez-vous, s’il vous plaît ? Vous paraissez surprise,
Comme si je disois ici quelque sottise.