Mais voyez ce maraud, de parler de la sorte !
Maraud !
Sachez, monsieur, que ce n’est point mon nom :
Et, si vous l’ignorez, je m’appelle Strabon,
Philosophe sublime autant qu’on le peut être,
Suivant de Démocrite ; et vous voyez mon maître.
Quoi ! Je verrois ici cet homme si divin,
Cet esprit si vanté, ce Démocrite, enfin,
Que son profond savoir jusques aux cieux élève ?
Oui, seigneur, c’est lui-même ; et voilà son élève.
Pardonnez, s’il vous plaît, mes indiscrétions ;
Je trouble avec regret vos méditations :
Mais la longue fatigue et le chaud qui m’accable…
Vous venez à propos ; nous nous mettions à table :
Vous prendrez votre part d’un très frugal repas :
Mais il faut excuser, on ne vous attend pas.
Ce sera de bon cœur, et sans cérémonie[1].
De manger à présent je ne sens nulle envie ;
Mais je veux toutefois, sortant de ce désert,
Vous rendre le repas que vous m’avez offert.
- ↑ Ce dernier vers, suivant les éditions faites du vivant de l’auteur, doit être dans la bouche de Démocrite. Il a été mis depuis dans celle de Strabon. Ce changement ne peut venir que de la part des acteurs.