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agénor.

Mais voyez ce maraud, de parler de la sorte !

strabon.

Maraud !
Sachez, monsieur, que ce n’est point mon nom :
Et, si vous l’ignorez, je m’appelle Strabon,
Philosophe sublime autant qu’on le peut être,
Suivant de Démocrite ; et vous voyez mon maître.

agélas.

Quoi ! Je verrois ici cet homme si divin,
Cet esprit si vanté, ce Démocrite, enfin,
Que son profond savoir jusques aux cieux élève ?

strabon.

Oui, seigneur, c’est lui-même ; et voilà son élève.

agélas, à Démocrite.

Pardonnez, s’il vous plaît, mes indiscrétions ;
Je trouble avec regret vos méditations :
Mais la longue fatigue et le chaud qui m’accable…

démocrite.

Vous venez à propos ; nous nous mettions à table :
Vous prendrez votre part d’un très frugal repas :
Mais il faut excuser, on ne vous attend pas.
Ce sera de bon cœur, et sans cérémonie[1].

agélas.

De manger à présent je ne sens nulle envie ;
Mais je veux toutefois, sortant de ce désert,
Vous rendre le repas que vous m’avez offert.

  1. Ce dernier vers, suivant les éditions faites du vivant de l’auteur, doit être dans la bouche de Démocrite. Il a été mis depuis dans celle de Strabon. Ce changement ne peut venir que de la part des acteurs.