Si pour ce bien offert tu me vois quelque ardeur,
C’est pour mieux mériter Isabelle et son cœur.
Je l’adore ; et je puis te dire, en confidence :
Qu’elle ne me voit pas avec indifférence ;
Son père n’en sait rien, et ne me connoît pas ;
Pour l’obtenir de lui je n’ai fait aucun pas ;
Et n’ayant pour tout bien que la cape et l’épée,
Toute mon espérance auroit été trompée.
Quelque raison encor m’arrête en ce moment.
Quelle est-elle ?
J’ai pris certain engagement ?
Et promis, par écrit, d’épouser Araminte.
Sur cet engagement bannissez votre crainte.
Bon ! Si l’on épousoit autant qu’on le promet,
On se marieroit plus que la loi ne permet.
Allons au fait. Pour mettre en état notre affaire,
Il faut être vêtu comme l’est votre frère.
Il porte le grand deuil ; son linge est effilé ;
Un baudrier noué d’un crêpe tortillé ;
Sa perruque de peu diffère de la vôtre,
Ainsi vous n’aurez pas besoin d’en prendre une autre.
Allez vous encrêper sans perdre un seul instant.
Pour dîner avec elle Araminte m’attend.